Mister President
Vol Paris Atlanta du 14 janvier.
De loin, un vieil homme qui remonte l’allée en
serrant quelques mains. De près, c’est
Jimmy Carter. Il a manifestement décidé
de serrer toutes les pognes de l’Airbus avant le décollage. Devant lui, le body guard, avec un fil qui tournicote derrière
l’oreille. Derrière, la collaboratrice prête à prendre note. S’il n’a plus droit à Air Force One, il n’a pas tout perdu de la panoplie du
puissant.
Mon voisin français ne le reconnaît pas, mais sort l’appareil photo. De jeunes américaines de retour d’un voyage scolaire, gloussent des « Jimmy » très
hauts perchés. Elles n'étaient même pas nées quand il officiait à la Maison Blanche, mais nom et fonction ont circulé très vite, nimbés de paillettes américaines et donc quasi hollywoodiennes. Tous les rangs ont défait leurs ceintures de
sécurité et dégainé le numérique. Mon
voisin toujours : « C’est pas un ancien président français qui ferait
ça. Ils sont trop hautains chez nous ».
Il a la naïveté de croire que le 39ème président des Etats
Unis tient à le saluer.
Quand il arrive à notre hauteur, sa poignée de main est mécanique, son sourire
aussi, et son regard semble ne pas nous voir, tourné vers un passé lointain.
Jimmy Carter, juste avant de
décoller, fait campagne contre l’oubli.